samedi 28 août 2010

Egérie


Depuis toujours les hommes se nourrissent des désirs que je provoquent


et les artistes, des inspirations que j'évoque...

Un jour j'ai levé le voile de mon mystère et je me suis vue

Je ne me suis pas reconnue.

Sous les craquellements de mon identité, les contours de mon visage s'effaçaient peu à peu.

Je me suis trouvée prisonnière d'une image qui a fini par m'échapper.

Mais n'ai-je pas fait le choix comme Dorian,

d'une éternelle beauté de l'image au prix d'une décomposition de l'âme.

Oui, j'ai perdu mon regard il y a longtemps, berçé d'illusions,

il erre encore dans les mangroves de la nouvelle-orléans.

Alors, je m'évapore en perspective sur le damier de l'existence,

la souffrance oxydant mes rêves et le soufre de ma colère se diluant dans le vernis de ma défunte gloire.

Alors, je me manifeste enfin sans écueil, et sur ma peau écaillée reste encore

L'éclat du souvenir d'une égérie.

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